

Son histoire commence en 1882 avec Jean Tapie, un cuisinier de Lannemezan qui décide de construire un hôtel à Biarritz. Après avoir acheté des terrains de l'ex-impératrice Eugénie, il se retrouve en difficulté financière et doit abandonner son projet. Jean Fourneau, surnommé Jeanty, reprend l'hôtel saisi et termine la construction avec l'aide de l'architecte Pierre Louis et de l'entrepreneur Louis Moussempès.
Le Victoria ouvre ses portes le 1er août 1885. Situé face à la Grande Plage et proche de l'hôtel Continental, il est vite adopté par des élites grâce à son allure unique et à son nom inspiré de la reine Victoria, dont un portrait monumental orne l'entrée. L’hôtel compte 120 chambres et salons, des cuisines spacieuses et de magnifiques suites avec terrasses donnant sur les jardins et l'océan. Il attire une clientèle cosmopolite, notamment espagnole, anglaise et russe, et devient un incontournable pour l'aristocratie internationale.
En 1903, Jeanty achète la villa du comte Duchâtel, qui servira d’annexe à l’hôtel avec quatorze chambres supplémentaires. Le 5 mai 1912, le fondateur s’éteint, laissant à ses descendants neuf propriétés et un nom gravé dans les mémoires. Durant la guerre, le Victoria est converti en hôpital bénévole pour les soldats blessés. L’annexe est vendue en 1920 et trois ans plus tard, Jean-Dominique Camy, un Landais, rachète l’hôtel en association avec les filles Fourneau.
Malgré la dépression de 1929, le Victoria continue d'attirer une clientèle espagnole, même si les affaires déclinent. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est réquisitionné par une formation militaire, puis occupé par l'Université américaine. Peu après, Jean-Dominique et son fils Philippe reprennent sa gestion.
Le 11 mars 1954, un incendie détruit son aile droite, causant des dommages considérables. En 1962, le palace est vendu à monsieur Durand Lhéritier. Une série de problèmes juridiques s'ensuit, et l'hôtel change plusieurs fois de propriétaires. En 1976, un nouvel incendie le ravage. Laissé à l'abandon par la Société promotrice du Victoria-Surf, il est finalement démoli en 1982 pour laisser place à des immeubles en béton.
Il ne reste aujourd’hui que la magie du souvenir, une impression de douceur et de beauté indissociables. Subsiste aussi une sensation de gâchis, de « trop tard », un héritage dont ne bénéficieront pas nos générations futures ; un regard sur le passé, celui d’une ville qui fut autrefois un petit village et qui devint, durant plusieurs décennies, grâce à des hommes brillants et courageux, l’endroit le plus renommé de France.