L’hôtel Miramar à Biarritz (1927)

Marie d'Albarade

De tous les palaces érigés à Biarritz, le Miramar est celui qui a connu la vie la plus courte. Malgré la foule de célébrités qu’il a accueillies durant un demi-siècle, il a été impitoyablement détruit. Son histoire est romanesque.

Tout commence en 1926 lorsque la Société de l’hôtel Miramar annonce la construction d’un établissement de style néo-classique face à la plage Bernain. Il comptera 300 chambres et sera édifié à proximité de l’Hôtel du Palais. Les plans sont confiés à MM. Julien et Duhayon, architectes à Paris.

Les travaux débutent de manière spectaculaire. Le chantier colossal nécessite une excavation profonde pour des fondations solides, essentielles pour soutenir la hauteur imposante de l'hôtel. En quelques mois seulement et sous les regards ébahis et inquiets de la population, le bâtiment atteint sept étages, un record dans la région.

Inauguré en 1927, de nombreuses festivités y sont organisées. Son succès est tel que la plage Bernain est renommée plage Miramar. C’est dans ce palace que le sultan du Maroc Mohammed Ben Youssef apprend la naissance du prince héritier, le futur roi du Maroc Hassan II. Les grands-ducs russes y établissent leur quartier général, où une fête annuelle est donnée au profit des œuvres de la princesse Paley. En 1931, Charlie Chaplin déjeune dans la vaste salle à manger en compagnie de son metteur en scène d’Abbadie d’Arrast et de Winston Churchill.

La crise de 1929, suivie de la guerre civile d’Espagne de 1936, contraint l’hôtel à fermer ses portes durant l’hiver. Et lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, alors que l’établissement affiche complet, un ordre de réquisition force la clientèle à quitter précipitamment les lieux.

Néanmoins, après la guerre, le palace retrouve son éclat. De nombreuses personnalités y séjournent, telles que le prince Ali Khan et son épouse Rita Hayworth, suivis de Tyrone Power et Ava Gardner, présents pour un tournage. Jusqu'aux années 1970, le Miramar accueille Orson Welles, Gary Cooper, le général Pierre Kœnig, Arthur Rubinstein, Thami El Glaoui, le prince Bernhard des Pays Bas, l'empereur du Japon Akihito, Francis Lopez, Joseph Kessel, Maurice Druon, et bien d’autres encore.

Biarritz ayant toujours eu une vocation thermale, l’ancien champion cycliste Louison Bobet, qui dirige plusieurs établissements en France et à l’étranger, s’y intéresse. Malgré son succès, le Miramar, déclaré désuet, est mis au pilori puis démoli en 1977. L’année suivante, M. Chaban-Delmas procède à la pose de la première pierre du nouveau centre de thalassothérapie, avec un ensemble hôtelier et para-hôtelier.

Depuis la disparition du palace, le nom « Miramar » persiste, marquant les esprits comme une empreinte, ou plutôt une cicatrice. Cet hôtel de luxe des années 1930, lieu incontournable de célébrités, a succombé au désir de modernisme. Malgré sa disparition, il demeure gravé dans le cœur des Biarrots.