L’hôtel des Princes est le premier de sa catégorie à voir le jour dans la station. Bien que de dimensions modestes, il se caractérise par son charme incomparable et son style Second Empire.
En 1851, il n’existe pas encore. L’espace est occupé par une propriété délabrée dénommée « Gourrine ». Elle est vendue à Jacob-Eugène Carvallo, un négociant bordelais, qui engage aussitôt l'architecte Bernard Ferlus pour dessiner les plans du futur hôtel.
L’établissement prend le nom d’hôtel Gourrine. Il ouvre ses portes en 1854, superbe avec ses massifs de fleurs et ses arbres encadrant les larges marches du perron. Une clientèle de haut niveau s’y fidélise rapidement, dont la comtesse de Montijo, mère de l’impératrice Eugénie, qui entraîne dans son sillage les plus grandes familles de France et d’Espagne.
J.E. Carvallo fait fructifier son entreprise jusqu’à sa mort. Sa famille continue l’exploitation puis vend l’hôtel en 1876 à Eugène Couzain, un chef cuisinier originaire du Lot-et-Garonne. Avec lui, une dynastie hôtelière s’apprête à naître à Biarritz.
Le nouveau propriétaire choisit le nom d’hôtel des Princes en l’honneur des fils de la famille d’Orléans, et lance la réputation du restaurant de l’établissement, qualifié comme étant la « table la plus délicate de Biarritz ». En 1878, l'église Saint-Andrew's est construite à proximité, et l'hôtel accueille de hautes personnalités pour célébrer son inauguration. Il prospère sous la gestion rigoureuse des Couzain, attirant une clientèle de qualité, notamment l'aristocratie espagnole et la colonie britannique.
L’intérieur de l’établissement est feutré et luxueux, avec une entrée accueillante, un salon élégant, et une salle de restaurant pouvant accueillir plus d'une centaine de convives. Bien que comptant peu de chambres, il offre des suites prestigieuses au premier étage ainsi que des commodités modernes telles que l'eau courante, l'électricité, un ascenseur hydraulique et des téléphones. À l’arrière du bâtiment, accolés aux caves, on trouve les écuries et le jardin donnant sur la rue des Postes (actuelle rue de Broquedis).
Dans les années 1870, la famille Couzain s'agrandit avec la naissance d’Eugénie, Louis et Maurice. À la mort d’Eugène en 1896, Louis reprend le flambeau avec sa belle-mère et son épouse, Jeanne Moussempès. Cependant, l’hôtel, devenu hôpital bénévole durant la Grande Guerre, peine à se redresser par la suite. Il est finalement cédé en 1922 à l'avocat Jean Laxague, avant d’être vendu en copropriété en 1945.
Aujourd'hui, sa façade demeure belle et entretenue. Le célèbre escalier est encore là également, déroulant gracieusement ses longues marches de pierre. Celles-là mêmes qui portèrent fièrement les précurseurs de l’éclosion remarquable de Biarritz.

